Article publié le 30/04/2024

Le nomadisme numérique – Étude de cas avec Émilie Ledan

Le nomadisme numérique désigne un mode de travail qui permet aux professionnels d’exercer leurs activités à distance depuis n’importe quel endroit dans le monde, grâce à l’utilisation des technologies numériques.

 

Ce style de vie est caractérisé par une grande flexibilité géographique. Il permet aux individus de choisir librement leur lieu professionnel, que ce soit dans un café, un espace de coworking, ou même sur une plage à l’autre bout du monde.

 

Outre les clichés paradisiaques postés sur les médias sociaux par ces travailleurs du bout du monde, il faut être au fait des droits, des fiscalités de chaque pays avant de faire sa valise. Nous faisons le point sur ces sujets avec Émilie Ledan, directrice du cabinet d’avocats Kernels Law.

Avant de parler de nomadisme numérique, pouvez-vous présenter votre entreprise Kernels Law ?

Kernels Law est un cabinet dédié à la mobilité internationale. Nos missions sont l’accompagnement des sociétés dans le cadre de leur projet à l’international. Soit dans le cadre de recrutements internationaux, soit dans le cadre de mobilité de collaborateurs français vers des entités étrangères. Nous les accompagnons dans le développement RH à l’international.

 

Techniquement, j’interviens principalement sur les sujets de protection sociale à l’international. C’est-à-dire la Sécurité sociale bien sûr, mais aussi les enjeux économiques, réglementaires, de détachement, d’expatriation et sur ce qui concerne la fiscalité. Détermination de la résidence fiscale, détermination du droit d’imposition, régimes fiscaux. Et cetera, et cetera.

Vous collaborez avec des sociétés qui viennent d’un peu partout dans le monde ?

J’ai plutôt un portefeuille de sociétés françaises qui ont des enjeux de mobilité à l’international. Mais je suis amenée à travailler pour des sociétés indiennes, chinoises ou encore américaines. Des entreprises qui ont des activités en France.

Ça marche dans les deux sens ? Ça veut dire avec des gens qui arrivent sur le territoire français et des personnes qui prennent le chemin inverse ?

Exactement. Les enjeux ne sont pas les mêmes, mais je peux être amené effectivement à accompagner des expatriés. Donc des personnes qui s’en vont, mais aussi effectivement des étrangers qui viennent en France.

 

Et là du coup, il y a une couche supplémentaire d’interculturel qui est très importante parce qu’il faut qu’ils puissent comprendre le régime français qui n’est parfois pas évident. Et particulièrement le régime social en France. Il suffit de regarder le bulletin de paie étranger et le bulletin de paie français pour comprendre qu’on est sur des dispositifs et des schémas qui sont très éloignés.

Pouvez-vous redéfinir ce qu’est le nomadisme numérique ?

Le nomadisme numérique permet à certains professionnels de travailler depuis n’importe quel pays, selon les besoins de leur métier. Cette capacité offre une flexibilité immense, mais implique aussi une compréhension des implications légales et fiscales de divers pays.

Le nomadisme numérique est-il seulement pour les indépendants ?

Bien que beaucoup de nomades digitaux soient free-lances, (on parle de 70 à 80 %) ce n’est pas exclusif à eux. Certaines entreprises proposent cette modalité de travail, que ce soit dans un cadre plus structuré et avec un accompagnement rigoureux.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui envisagent de devenir nomades digitaux ?

Alors, je pense qu’il faut, avant de partir, se faire une petite check-list des avantages et des inconvénients et bien anticiper le numérique nomadisme. Des visas sont créés par certains pays pour attirer les talents. Ils permettent de travailler sur leur territoire avec des conditions plus souples que pour une installation permanente.

 

Pour autant, ce n’est pas l’alpha et l’oméga de la mobilité. Et il y a d’autres enjeux. Le tout premier, avant même de parler de conformité fiscale, c’est tout ce qui va être autour de la santé et de la sécurité de ces personnes-là.

 

Si je suis free-lance et que je pars en Thaïlande, si j’ai un problème de santé, il faut que je puisse aller à l’hôpital. Il faut que je puisse être couverte, ou en tout cas, si je fais le choix de ne pas avoir pris d’assurance, que je sois bien consciente des risques. C’est un vrai sujet la santé. Il y a des solutions de mutuelle à l’international sur du court terme pour permettre de se protéger dans différents pays en fonction des situations.

 

Moi, j’attirerai vraiment un gros focus sur la santé. Il faut bien anticiper ça et puis vérifier que fiscalement, je peux me maintenir. X jours, sur place. Et que pour autant je ne vais pas devoir payer des impôts. Si la France est mon pays d’origine, est-ce que je dois continuer à déclarer ? Qu’est-ce que je dois continuer à déclarer ? Ça nécessite de se poser les bonnes questions.

Le nomadisme numérique est-il une question générationnelle ?

Il est exact que le nomadisme numérique attire généralement un public plus jeune, souvent sans attaches familiales qui compliqueraient une mobilité fréquente. Cependant, certaines entreprises proposent des arrangements qui permettent même aux familles de bénéficier de formes de nomadisme numérique sur des périodes plus courtes.

 

Pour aller plus loin, voici le podcast d’Émilie Ledan :

 

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